La protection des écosystèmes marins est une priorité pour les communautés côtières d’Anjouan. Grâce à l’engagement de l’association Malezi Mema, la création de la réserve marine permanente de Vassy devient une réalité dans la zone de Hamaré, près du village de Vassy. Soutenue par divers.es acteurs et actrices locaux et nationaux, cette initiative ambitieuse marque une étape importante dans la restauration des récifs des Comores.
L’engagement des communautés côtières dans la conservation
La mise en place de cette réserve marine permanente résulte d’un effort collectif mené par l’association Malezi Mema, accompagnée par Dahari. Les pêcheurs se sont appuyés sur leurs connaissances locales et sur les résultats des évaluations rapides des récifs dans la région afin de cartographier les principaux habitats marins et désigner la réserve permanente. En combinant les connaissances scientifiques et locales, les chefs des pêcheurs ont proposé une zone de récif avec une bonne productivité de la pêche, des coraux, et qui était également socialement acceptable – dans le sens où elle n’aurait pas trop d’impact sur un groupe de pêcheurs en particulier. D’autres réunions et consultations informelles ont eu lieu dans les communautés pour valider la zone sélectionnée. Ces rencontres ont réuni de nombreux participants et participantes à Dzindri, Mutsamudu et Vassy :
- Les membres des associations de pêcheurs.euses des villages avoisinants,
- Les cheffes et chefs de village,
- Le syndicat des pêcheurs d’Anjouan,
- La mairie de Vouani,
- Le Parc National Shissiwani
- Les Directions Régionales de la Pêche et de l’Environnement.
En juillet 2021, les discussions ont abouti à l’officialisation de la réserve marine de Vassy. L’accord de cogestion a été signé par toutes les parties prenantes dont les associations locales de gestion de pêches, les autorités municipales et les forces de l’ordre de Sima et Pomoni. La pêche est désormais strictement interdite dans cette réserve pour permettre aux ressources halieutiques de se régénérer.
Sensibilisation et mesures de surveillance
Cette réserve marine de 8 ha (soit 80 000m²) est la première initiative communautaire de ce genre aux Comores. En fermant cette zone aux activités humaines, les associations locales visent à offrir un sanctuaire pour les coraux et les poissons. Les résultats attendus à long terme sont les suivants :
- Les coraux se régénèrent,
- Les populations de poissons trouvent refuge pour se reproduire,
- Les écosystèmes marins locaux se restaurent de manière générale.
Pour sensibiliser davantage les communautés côtières, des panneaux de signalisation indiquent clairement :
- Les limites de la zone protégée,
- Les pratiques interdites,
- Les sanctions en cas de non-respect des mesures.
De plus, des bouées délimitent la réserve de Vassy pour garantir une protection continue. À noter que les membres de l’association Malezi Mema effectuent des surveillances continues pour garantir le respect de cette initiative.
Ansoya Ahmed, président de l’association Malezi Mema, nous parle de son organisation : « Nous effectuons à tour de rôle la surveillance tous les deux-trois jours. Pour alterner les tours, un groupe part le jour même et l’autre groupe part le lendemain, pour que les gens ne puissent pas identifier les jours sans surveillance. Nous avons déjà interpellé une personne et ça a servi de leçon pour les autres. »
Impacts de la réserve de Vassy : réactions et témoignages des pêcheuses et des pêcheurs locaux
Afin de mesures l’état des ressources et suivre l’impact des mesures de gestion, des suivis de la santé des récifs et des populations de poissons, ainsi que des prises de pêche, sont réalisés dans la zone depuis 2017. Une analyse préliminaire des données de captures de pêche montre une augmentation significative des captures pour les sites situés à 1 km autour de la réserve permanente après sa mise en œuvre (rapport en préparation).
Ces résultats positifs sont confirmés avec les pêcheurs. Des études sociales menées en 2023 révèlent que 71 % des pêcheurs et pêcheuses perçoivent la gestion de manière positive et bénéficient des effets concrets. Par exemple, Ansoya affirme que certaines espèces de poissons sont réapparues dans la zone :
« Depuis que nous avons mis en place la réserve permanente, des espèces de poissons qui étaient parties commencent à revenir. Des poissons tels que le Hanalé Mtsutsu ont été pêchés il y a quelques jours, les poissons qui vivent dans les “Mpwa” sont à nouveau de retour. »
Au vu des bénéfices, la réserve est d’ailleurs en cours d’extension dans la zone, ce qui a également inspiré d’autres communautés locales à mettre en place leurs propres réserves, notamment dans les villes de Moya et de Kowe, où des discussions sont actuellement en cours. Par ailleurs, les associations des pêcheurs(euses) locales ont déjà mis en place plusieurs initiatives complémentaires, comme la fermeture temporaire de la pêche ou l’utilisation de techniques moins destructives, telles que le bâton en bois « mwiri ».
Merci à Malezi Mema pour être une source d’inspiration dans la restauration des récifs menée avec l’engagement des pêcheurs