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Les restitutions participatives apportent une meilleure compréhension aux pêcheurs.euses

La restitution des données de suivi de pêche offre une opportunité unique aux pêcheurs.ses de réfléchir à la durabilité de la gestion de la pêche, et aux communautés plus larges d’apprendre et de comprendre l’impact de la pêche et de la gestion sur l’écosystème marin. Dans une démarche collaborative, Dahari a mis en place une approche participative des restitutions des données dans les communautés pour impliquer activement les acteurs locaux dans la gestion durable des ressources marines.

Processus de collecte et de suivi de données

Dans le sud-ouest d’Anjouan, les pêcheurs.ses des communautés appuyées par Dahari ont partagé leurs inquiétudes par rapport aux ressources qui diminuent au fil des années. Afin de renverser cette tendance, Dahari appuie les communautés locales à développer des stratégies pour préserver leurs ressources marines. Dans ce cadre, un programme de suivi de pêche participatif a été mis en place de Vassy jusqu’à Maweni-Kangani, pour suivre l’évolution des prises et l’état de santé des ressources marines.

Lors des suivis, des informations sont collectées sur le poids, la taille et les espèces de poissons pêchées pour dévoiler l’abondance et la diversité des ressources. Le suivi permet aussi d’enregistrer les techniques de pêche utilisées, et le temps passé en mer, des données utiles pour évaluer la durabilité et productivité de la pêche.

Depuis 2017, plus de 150 pêcheurs.euses de Vassy jusqu’à Maweni-Kangani ont été formé.es à la collecte de données sur les prises de pêche.

La restitution des données est une étape clé du suivi de pêche

Les résultats de ces suivis sont partagés plusieurs fois par année dans les communautés, pour engager des discussions sur l’état des ressources, et développer de manière collaborative des mesures de gestion afin de préserver les ressources marines.

Mariama Djaanfar, membre de l’association Maecha Bora regroupant les pêcheuses des villages de Dzindri, Vassy et Salamani, nous partage sa perspective sur le sujet : “Ma motivation était de comprendre ce que je ne comprenais pas. C’est à partir des restitutions, que j’ai compris la notion de surpêche. À force de trop pêcher, il risque de ne plus y avoir de ressources à pêcher à l’avenir.”

Seulement, depuis 2017, les restitutions étaient conduites uniquement par les agents de Dahari, en présentant des graphiques et des chiffres qui peuvent être difficiles à comprendre pour certains. Depuis 2021, Dahari a commencé à impliquer les communautés pour présenter ces informations le plus simplement possible. En effet, lorsque les pêcheurs et pêcheuses sont en mesure de présenter eux-mêmes les données devant leur communauté, cela favorise un échange direct et authentique. Cela permet non seulement d’accroître la confiance et la transparence au sein des communautés de pêcheurs.ses, mais aussi d’encourager des discussions ouvertes sur les défis et les opportunités liées à la pêche.

Vingt-huit pêcheurs.euses formés.es sur le partage des données de suivi de pêche devant les communautés

En 2022, 28 pêcheurs.euses de nos zones d’interventions marines sont formé.es sur l’analyse des données de manière interactive pour leur permettre de bien mener les restitutions.

Lors des séance de formation, les participants ont été impliqués dans des simulations de pêche où ils ont imaginé capturer des poulpes sous forme de bonbons, pendant 12 tours, représentant les 12 mois d’une année. Ensuite, ils ont déposé leurs prises quotidiennes sur une feuille pour observer les variations. Les graphiques et les chiffres sont sortis naturellement à mesure que les pêcheurs ajoutaient des bonbons après chaque tour de pêche.

Après avoir suivi la formation, Ansoiya Mohamed, Président de l’association Malezi Mema, regroupant les pêcheurs de Vassy, Dzindri et Salamani, a eu l’occasion de tenir une séance de restitution de données dans son village. « Lorsque Dahari faisait les restitutions, je ne comprenais pas très bien, mais depuis que nous avons appris à faire nous-mêmes les présentations, je comprends mieux qu’avant. La première fois que j’ai présenté les résultats devant mon village, les gens étaient bien attentifs et à l’aise. Nous devons enchaîner les efforts et organiser plus de présentations », nous dit Ansoiya.

Cette réaction affirme l’importance d’impliquer les pêcheurs.euses dans la présentation des données, et pas seulement dans le suivi, afin de leur donner plus de confiance et les responsabiliser pour la gestion des ressources. Les formations continuent avec les pêcheurs.ses intéressés, et les prochaines étapes seront de présenter leurs résultats devant d’autres acteurs, notamment les autorités, pour valoriser leurs initiatives communautaires de gestion marine.