Anjouan – 12 juin 2025 : La ville de Moya a accueilli un forum inédit réunissant une cinquantaine de pêcheurs.euses issus de 11 villages côtiers. Organisé par l’ONG Dahari, avec le soutien financier du CEPF (Critical Ecosystem Partnership Fund), de TUSK et de la fondation McPike-Zima, cet événement avait pour ambition de partager les expériences locales en gestion des ressources marines, d’inspirer les participant·es et de poser les bases d’un réseau de collaboration entre communautés de pêche.
Co-concevoir une gouvernance par les pêcheurs.euses

À Anjouan, comme dans l’ensemble des Comores, le manque d’institutions solides rend crucial la mise en place de systèmes de gouvernance inclusifs et adaptés. Notre objectif est de co-concevoir une gouvernance par les pêcheurs.euses, représentative et évolutive, afin de garantir le respect des mesures de conservation. Cette approche vise à donner plus de pouvoir aux pêcheurs.euses dans le processus décisionnel et à inclure tous les différents groupes de pêcheurs.euses dans les discussions et la représentation.
Dans ce cadre, nous avons organisé ce forum d’échanges entre pêcheurs.euses de 11 villages du sud-ouest d’Anjouan pour partager leurs expériences, notamment les succès et défis, liés à la gestion des ressources marines, et explorer comment renforcer ces initiatives ensemble.
Pour Dhouria Rakibou, pêcheuse du village d’Imeré, cette journée restera gravée dans les mémoires :
« L’événement m’a profondément marquée. Je ne m’attendais pas à me sentir aussi à l’aise en étant entourée de personnes venues de dix villages différents. Et pourtant, grâce au soutien de Dahari, tout s’est déroulé naturellement. Le fait que nous ayons été régulièrement amenés à nous mélanger et à communiquer entre nous m’a beaucoup aidée à prendre confiance, non seulement en moi-même, mais aussi dans le groupe. Cette expérience m’a vraiment ouvert les yeux sur la force de l’échange et de la collaboration. »
Tout au long de la journée, les pêcheurs.euses ont partagé plusieurs initiatives innovantes mises en place dans leurs zones de pêche :
- Fermetures temporaires de la pêche au poulpe,
- Création de réserves permanentes,
- Adoption de techniques de pêche plus durables, comme l’utilisation de harpons en bois à la place des harpons en fer, afin de protéger les coraux lors de la pêche aux poulpes.



Vassy, une réserve permanente exemplaire

Le témoignage de la communauté de Vassy a particulièrement marqué les esprits. En 2021, ce village a créé la toute première réserve permanente communautaire des Comores. Quatre ans plus tard, les effets positifs sont déjà visibles. Comme le souligne Ansoya Mohamed, président de l’association de pêcheurs Malezi Mema de Vassy :
« On commence à voir revenir des espèces qu’on ne voyait plus depuis des années. Et on capture plus de poissons autour de la réserve. »
Les discussions ont mis en lumière les défis persistants, notamment la surveillance des zones protégées pour garantir leur efficacité. Un jeu de team building a renforcé l’esprit de solidarité entre les participants/es, créant un climat de confiance et d’entraide.
Ce forum constitue une étape clé vers la mise en place d’un réseau d’apprentissage entre pêcheurs.euses engagés/es pour une gestion communautaire des ressources marines. À long terme, l’objectif est de créer un réseau de réserves permanentes dans d’autres villages pour assurer la préservation des récifs, et de renforcer la coordination entre communautés de pêche au travers d’un réseau d’échanges et de soutien.
Tous les participants ont exprimé leur volonté de renouveler ces échanges, convaincus que la collaboration entre communautés est indispensable pour garantir la durabilité de la pêche artisanale et préserver le patrimoine marin des Comores pour les générations futures.