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Etudes sur les méthodes de lutte contre les ravageurs aériens de la tomate

Charlotte Pasquier, étudiante française à l’ISTOM (École supérieure d’agro-développement international), a effectué un stage de six mois avec notre équipe en développement rural. L’objectif du stage était de pouvoir clôturer sa dernière année Master en agronomie. C’est dans un cadre du programme d’échange entre l’ONG Dahari et le Lycée agricole de Coconi à Mayotte qu’elle a pu effectuer ses recherches sur l’île d’Anjouan.
Sa principale mission était de réaliser une étude sur des méthodes de lutte alternatives aux produits phytosanitaires de synthèse contre les ravageurs aériens de la tomate, culture très consommée et cultivée à Anjouan.

La tomate : une culture sensible aux bioagresseurs et consommatrice en produits phytopharmaceutiques

Les producteur.trice.s anjouanais.es font face à une pression importante du fait du climat tropical de l’île et de la sensibilité de la culture de la tomate aux bioagresseurs. Un des ravageurs les plus problématiques est la mouche de la tomate (Neoceratitis cyanescens), pouvant causer 100 % de perte. D’autres ravageurs peuvent être problématiques, c’est par exemple le cas de la Tuta absoluta et des chenilles noctuelles, aussi appelées les papillons de nuit.

Pour lutter contre ces ravageurs, les producteur.trice.s anjouanais.es utilisent des produits pharmaceutiques, parfois de façon excessive. Cette pratique peut entraîner des dommages sur la santé des utilisateur.trice.s des produits et sur celle des consommateur.trice.s. C’est également une pratique qui peut engendrer des dégâts considérables sur l’environnement (perte de biodiversité, pollution des sols et de l’eau…).

L’efficacité du filet anti-insectes et des PNPP contre l’utilisation des produits pharmaceutiques :

Le choix de ces méthodes a été fait pour les raisons suivantes :

  • L’utilisation du filet anti-insectes est une méthode testée avec succès à Mayotte, principalement dans le cadre d’études sur la lutte contre la mouche de la tomate.
  • L’utilisation d’une PNPP qui a déjà été une méthode testée à Mayotte par le Lycée agricole de Coconi et à Anjouan par Dahari. Il s’agit d’un produit préparé à partir des feuilles de papayers et du faux basilic, appelé Ntchoulé en shidzwani.

Nous avons installé deux parcelles chez des agriculteurs partenaires de Dahari. Une parcelle avec l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse et une autre avec l’utilisation du filet anti-insectes et PNPP. Nous avons ensuite comparé les rendements obtenus en fruits commercialisables, mais aussi en fruits non commercialisables. Sur l’ensemble des sites, nous avons constaté que les dégâts dus aux ravageurs étaient moins importants sous le filet. Le rendement commercialisable était alors jusqu’à 30 % plus élevé et donc plus intéressant pour les producteurs. Et ceci avec moins de produits phytopharmaceutiques et moins de risques de pertes du a la protection physique du filet.

Sur les sites expérimentaux de Dahari, il a été installé une parcelle avec l’utilisation de la PNPP seulement (sans filet). Nous avons remarqué que la seule utilisation de la PNPP choisie n’était pas suffisante pour faire face aux ravageurs, notamment la mouche de la tomate.

L’adoption du filet anti-insectes par les agriculteur.trice.s anjouanais.es

Pour vérifier la possibilité d’adoption de la méthode par les agriculteurs, des enquêtes ont été réalisées dans les zones de Nganzalé, Adda, et Ouzini. Ces enquêtes ont permis de confirmer que les ravageurs étudiés étaient réellement problématiques pour les producteurs locaux, principalement Neoceratitis cyanescens et Tuta absoluta. Elles ont également mis en avant le fait que les pertes étaient plus importantes au moment de la saison des pluies.

Enfin, les enquêtés semblaient convaincus par l’utilisation du filet et des PNPP à la place des produits phytosanitaires de synthèse. Ils ont pu s’exprimer sur les freins et avantages que cela leur inspirait : Le principal frein énoncé a été l’accessibilité physique et financière et le principal levier a été la garantie d’un bon rendement et d’une bonne protection contre les ravageurs.

Les recommandations de Charlotte

Avec Dahari et le lycée agricole de Coconi, nous avons pu identifier des avancées sur les méthodes de lutte alternatives. Nous allons continuer à expérimenter avec les agriculteurs la méthode de filet en combinaison avec les PNPPs afin de valider davantage ces résultats prometteurs.

Il est important de trouver un fournisseur de filets pour améliorer l’accessibilité physique et financière. Ainsi, pour améliorer les protocoles d’installation sur base des leçons tirées :

  • Pour éviter les risques de déchirures des filets, il faut éviter d’effectuer les installations sous un cocotier. Les noix de coco endommagent la structure en tombant.
  • Toujours vérifier la fermeture du filet après chaque passage dans la parcelle.
  • Le filet à un effet coupe-vent et bloque l’accès de la culture pour les pollinisateurs. Ainsi, on remarque un nombre d’échecs plus important sous le filet. Pour éviter cela, il est conseillé de secouer les tuteurs à chaque passage.
  • On recommande également d’avoir une attention accrue à la multiplication de certains ravageurs, notamment des chenilles noctuelles. En cas de présence de ces dernières, il est recommandé de procéder à une prophylaxie « sévère », c’est-à-dire, enlever les fruits touchés ainsi que les individus.

J’ai été ravi de travailler avec Dahari, une organisation dynamique et très engagée auprès de l’agriculture agroécologique aux Comores.