Les Comores abritent une biodiversité terrestre exceptionnelle, mais cette richesse naturelle est menacée par la déforestation, l’érosion des sols et la perte de terres agricoles fertiles. Dans un pays où l’agriculture et l’élevage sont essentiels à la subsistance des populations, la disparition des forêts a des conséquences directes sur les communautés locales. À Anjouan, 80% de la superficie de la forêt naturelle a disparu entre 1995 et 2014 selon l’analyse le plus élaboré.
Face à ces défis, le reboisement se présente comme une solution durable. Plutôt que d’imposer des projets de reforestation, le reboisement participatif engage activement les agriculteurs.trices dans le choix, la plantation et l’entretien des arbres.
Qu’est-ce que l’approche participative du reboisement ?

L’approche participative du reboisement repose sur l’implication active des bénéficiaires directs des plantations, c’est-à-dire les agriculteurs.trices. À la différence de beaucoup de programmes de reforestation historiques, cette approche favorise une implication directe des communautés locales, en les plaçant au cœur du processus de plantation et d’entretien des arbres. Depuis 2017, nous avons lancé – avec l’appui du Centre Agroforesterie Mondiale (l’ICRAF) – cette approche de reboisement en travaillant avec les agriculteurs.trices pour établir communément une liste des espèces d’arbres à planter qui profiteront aux individus et à l’environnement.
Les agriculteurs.trices choisissent les espèces à planter en fonction de leurs besoins : conservation de l’eau, fertilisation des sols, production de fruits, protection contre l’érosion ou encore fourniture de bois. En parallèle, ils/elles reçoivent une formation sur les services écosystémiques apportés par les arbres.
Comment fonctionne l’approche participative ?
Il est essentiel que les agriculteurs.trices comprennent l’importance du reboisement. C’est pourquoi Dahari organise des sessions de sensibilisation organisées par ses techniciens pour expliquer comment les arbres contribuent à l’environnement et aux moyens de subsistance.
1. Choix des espèces avec les agriculteurs.trices
Lors des ateliers, les participants sélectionnent eux-mêmes les arbres en fonction de leurs besoins. Pour faciliter cette sélection, les techniciens.nes de Dahari utilisent des outils visuels, tels que des jeux de cartes illustrant les différentes espèces et leurs bénéfices. Ce processus encourage les échanges et permet une meilleure appropriation du projet par les communautés.


Voici quelques exemples des produits et services fournis par les arbres :
- Murimundra (Weinmannia comorensis) : espèce endémique qui fertilise le sol et lutte contre l’érosion.
- Mfanassi (Jacquier) et Mlandzi (Mandarinier) : arbres fruitiers offrant à la fois des revenus, de l’ombre et du fourrage pour le bétail.
- Mfuantsi (Chrysophyllum gorungosanum) : espèce native utilisée pour la construction et le charbon, tout en étant compatible avec les cultures agricoles.

2. Mise en place des pépinières communautaires
Après la sélection des espèces, les plants d’arbres sont produits dans des pépinières communautaires, gérées par des agriculteurs.trices formés à cet effet. Ce système permet non seulement d’assurer un approvisionnement constant en jeunes arbres, mais aussi de créer des activités génératrices de revenus pour les populations impliquées.

3. Suivi et protection des arbres
L’évaluation du reboisement repose sur le suivi des arbres plantés. Les agriculteurs.trices s’engagent à les entretenir et à les protéger parce qu’ils les ont choisi et planté eux-même. Dahari les accompagne tout au long de ce processus, en leur fournissant des conseils sur l’entretien et la gestion des plantations.
En bref
L’approche participative du reboisement présente de nombreux avantages, tant pour l’environnement que pour les populations locales. En impliquant les agriculteurs.trices dès le début du projet, en les formant et en leur permettant de choisir les espèces qui correspondent à leurs besoins, cette méthode assure un reboisement efficace et durable. Du choix des espèces, à la gestion des pépinières jusqu’au plantation, il s’agit d’un cycle réfléchit pour un meilleur reboisement.