La Roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii) est l’un des trésors de la biodiversité comorienne. Endémique dans l’archipel des Comores, cette grande chauve-souris se trouve que sur les îles d’Anjouan et de Mohéli. Sa survie est menacée par la disparition progressive de son habitat naturel. Face à cette urgence écologique, Dahari s’est engagée depuis plusieurs années pour préserver cette espèce en collaboration avec les Parcs Nationaux, en impliquant directement les communautés locales dans les actions de conservation.
Des accords entre les communautés et la nature :
Depuis 2016, nous avons signé sept accords de cogestion avec des propriétaires de parcelles où se trouvaient des sites dortoirs pour la chauve-souris de Livingstone, ce qui a permis de protégéer autour d’un tiers de la population globale de l’espèce. Pour tirer profit de ces accords, les propriétaires de ces sites dortoirs ont reçu des appuis pour augmenter leurs rendements agricoles dans leurs champs en dehors des zones sensibles pour la biodiversité.
Témoignange de Abdouroihmane Hifadhui, village d’Adda, première signataire des accords de cogestion :

« Je me suis rapproché de Dahari, car j’avais entendu qu’il y a ces agents qui passaient dans mon champ. J’ai donc demandé qu’on discute pour avoir des explications. C’est à ce moment que j’ai su que c’est une espèce de chauve-souris qui existe seulement aux Comores et que c’est important de la protéger. Moi je ne savais pas que c’étaient des espèces importantes, Ils étaient là depuis et je ne les ai jamais dérangés.
On s’est ensuite mis d’accord que je n’allais pas labourer ni couper les arbres et en retour Dahari m’a aidé sur mes activités agricoles sur d’autres parcelles. Il me donne chaque année en fonction de mes besoins des semences, ça peut être des semences de pomme de terre, de semences de tomates pour le maraichage, de matériels et ils m’ont aussi donné des conseils pour mieux planter.
Ces chauves-souris vont prendre des semences d’arbres de très loin et vient les planter dans les champs. Il y a la présence des arbres Mfuantsi (Chrysophyllum gorungosanum) qui aide pour le fourrage et le Mshampaka (Magnolia champaca), utilisé pour faire des huiles et des médicaments. Mes plantations poussent bien ici, comparé à mes autres champs, je trouve donc que le sol est bien fertile, raison pour laquelle les arbres poussent naturellement sans entretiens. Donc je veux dire aux autres propriétaires des sites dortoirs de bien comprendre les bienfaits que ces chauves-souris apportent dans les champs et les terres et de les protéger aussi. »
Cette démarche participative ne s’arrête pas là. Depuis 2024, des accords de conservation forestière plus larges sont signés avec d’autres communautés pour renforcer la protection des massifs forestiers essentiels à la biodiversité d’Anjouan mais également au maintien de l’approvisionnement en eau (découvrir l’initiative).
Des études scientifiques pour renforcer les initiatives de protection


L’engagement communautaire est accompagné de recherches scientifiques pour mieux comprendre la dynamique des populations de Roussettes. Des études récentes réalisé entre 2016 et 2023 aux Comores ont permis de comprendre l’état de la population de cette espèce menacée aux Comores. La population d’Anjouan est restée globalement stable au cours des huit années de suivi. L’estimation actuelle est d’environ 1 200 à 1 500 individus sur Anjouan et de 300 à 400 individus sur Mohéli. L’étude souligne l’importance des enquêtes à long terme pour comprendre les tendances démographiques passées (voir l’étude ici).
Par ailleurs, en collaboration avec l’Université des Comores et Bat Conservation International, nous effectuons des suivis individuels des Roussettes avec des tags GPS pour comprendre comment cette espèce endémique des Comores utilisent le paysage afin d’identifier les arbres-clés utilisés pour l’alimentation ou le repos (lire l’article).
Ces données nous permettront de renforcer les initiatives de préservation de la Roussette, cible phare de conservation pour Dahari et ses partenaires.